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Les risques liés à la corrosion et aux fissures dans les centrales nucléaires

L’intégrité des centrales nucléaires fait l’objet d’une attention croissante ces derniers mois, alors que les préoccupations se concentrent sur l’augmentation des phénomènes de corrosion sous contrainte. Un événement récent à la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime) a soulevé des inquiétudes, mettant en évidence les risques associés à la présence de fissures causées par la corrosion.

 

Risques de fissures nucléaires : les enjeux

 

Ces derniers temps, l’industrie nucléaire a été confrontée à un enjeu critique : la vulnérabilité des centrales nucléaires aux phénomènes de corrosion sous contrainte. Largement observé dans le domaine industriel, ce processus implique la formation de fissures dans un matériau en raison de son exposition à un environnement chimique spécifique. Cependant, en théorie, dans le contexte du nucléaire, ce fait  devrait être extrêmement rare. La fréquence dépend des caractéristiques des matériaux et des fluides impliqués, mais avec l’utilisation de l’acier inoxydable, de tels événements devraient être peu fréquents. » Bien que l’IRSN n’ait recensé que 150 cas de corrosion sous contrainte au cours des 30 dernières années jusqu’en 2022, la situation s’est aggravée en France ces derniers mois, avec « plusieurs dizaines de défauts », suscitant de vives inquiétudes, comme le fait remarquer Olivier Dubois.

 

L’attention s’est portée sur la centrale nucléaire de Penly suite à un incident qui aurait pu avoir des conséquences désastreuses. Le réacteur numéro 1 de la centrale a fait l’objet d’une alerte concernant une possible fuite, déclenchée par la découverte de fissures causées par la corrosion sous contrainte. Ces dernières ont été détectées dans le circuit d’injection de sécurité, une composante essentielle du système de refroidissement du réacteur en cas d’accident. La gravité de la situation a été soulignée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui a classé l’incident au niveau 2 sur l’échelle INES, montrant ainsi l’importance de cette question.

 

Resserrer les mesures de contrôle : la réponse de l’industrie nucléaire

 

L’apparition de fissures dans des zones supposées résistantes à la corrosion sous contrainte a soulevé des interrogations sur les mécanismes en jeu. Des experts ont exprimé leur étonnement devant la découverte de fissures dans des zones où elles n’étaient pas anticipées. Olivier Dubois de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a évoqué la possibilité que celles-ci résultent de réparations multiples effectuées lors de la construction de la centrale. Cependant, des enquêtes approfondies sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse.

 

Face à cette série de découvertes inquiétantes, l’ASN a exigé une révision des mesures de contrôle et de prévention. EDF est sommé de présenter une nouvelle stratégie de contrôle, visant à détecter et cibler les fissures majeures ainsi qu’à comprendre les origines de la corrosion sous contrainte. Cela souligne l’importance d’une approche proactive pour prévenir de futurs incidents.

 

Les fissures résultant de la corrosion sous contrainte et de la fatigue thermique présentent des risques significatifs pour la sûreté des centrales nucléaires. Bien que les mesures de sécurité soient en place pour prévenir les incidents, des fissures sur les réseaux de tuyau pourraient compromettre la capacité à refroidir le cœur du réacteur en cas d’accident. Les conséquences pourraient aller de rejets d’eau dans le bâtiment du réacteur à des scénarios plus graves impliquant des rejets radioactifs.

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nofy.dream@outlook.fr